Dans un document communiqué au bâtonnier de Paris, que Europe 1 a pu consulter, le ministère des Affaires étrangères indique signaler les agissements de l’avocat et activiste politique Juan Branco auprès du procureur de la République, lui reprochant d’avoir mis en danger des fonctionnaires français au Sénégal.
À la suite des répressions des manifestations contre l’incarcération de Ousmane Sonko, Juan Branco avait annoncé vouloir porter plainte pour crime contre l’humanité lors d’une conférence de presse le 22 juin. Il cite nommément, deux coopérants français qu’il accuse spécifiquement. Il rend publique l’identité de l’un d’eux en communiquant son numéro de téléphone et son matricule et cite le nom de cinq autres agents.
Le ministère des Affaires étrangères demande dans le document que l’avocat soit rappelé à l’ordre. Par ailleurs, dans deux tweets publiés les 11 et 13 juin, l’avocat dénonce de manière infondée l’implication de ces deux coopérants français dans les violences au Sénégal, qu’il qualifie de crimes contre l’humanité. Il appelle alors à révéler leur identité et annonce ensuite avoir identifié tous les militaires français intégrés à la gendarmerie sénégalaise, insinuant un rôle de la France dans la répression.
La situation tendue au Sénégal expose désormais les deux agents français, identifiés, à des risques de représailles. Les faits reprochés à Juan Branco peuvent caractériser le délit de mise en danger de la personne selon l’article 223-1-1 du code pénal, créé après l’affaire Paty, qui punit de 3 ans de prison et 45 000 euros d’amende “le fait de révéler, de diffuser ou de transmettre…des informations… permettant d’exposer à un risque direct une personne que l’auteur ne pouvait ignorer”.
Déjà au cœur de plusieurs polémiques
L’avocat et activiste politique, classé à l’extrême-gauche et mis en examen pour viol en 2021, a déjà été au cœur de plusieurs polémiques : il a notamment été accusé d’avoir participé à la diffusion de la vidéo de Benjamin Griveaux pour provoquer sa chute en tant qu’avocat de Piotr Pavlenski. Il a également été accusé d’une tentative de défense de Salah Abdeslam, après une lettre datée d’octobre 2016, dans laquelle il lui suggérait de “congédier ses conseils”, et lui donnait plusieurs recommandations pour sa défense.