Depuis 2017, le Sénégal a lancé un processus de digitalisation de la santé. Ce projet vise à stocker les données médicales en ligne, y compris les scanners et les Imageries à références magnifiques (IRM). Les dossiers peuvent être sauvegardés dans des serveurs sécurisés, facilitant ainsi la coordination des soins pour les patients. Selon le Dr Ibrahima Khaliloulahi Dia, coordinateur de la Cellule de la carte sanitaire et sociale, de la santé digitale et de l’observatoire de santé (CSSDOS), cela apporte une grande valeur ajoutée en termes d’économies et d’amélioration de la prise en charge des patients.
Le gouvernement sénégalais a accordé une priorité à la santé digitale et a alloué un financement de 30 milliards de francs CFA (environ 45 millions d’euros) pour ce projet. Ce financement, obtenu en partenariat avec la Banque mondiale, couvrira une période de cinq ans. Cependant, le Dr Dia souligne que ce budget ne sera pas suffisant pour numériser l’ensemble du système de santé. Avec environ 1500 postes de santé, 110 centres de santé et 40 hôpitaux à équiper, l’installation d’internet, d’équipements et de tablettes nécessitera des investissements supplémentaires.
Le Dr Dia a précisé que l’objectif de la numérisation est de permettre à chaque poste de santé d’accéder aux dossiers des patients via des ordinateurs, de mettre à jour les informations et de faciliter la consultation médicale ultérieure. Cependant, cela nécessite une connectivité internet permanente.
Lors d’un atelier de formation des journalistes en santé, population et développement, le Dr Dia a souligné l’importance de sensibiliser les médias à la santé digitale. Il a expliqué que ce domaine nécessite une compréhension adéquate pour un traitement approprié de l’information.
Dans le cadre de ce programme, la télémédecine jouera un rôle essentiel. «Nous avons fait beaucoup d’efforts pour construire des postes de santé et des hôpitaux, mais nous savons que nous pouvons faire des gains si nous arrivons à faire de la médecine entre les centres de santé et les hôpitaux», a souligné le coordinateur de la CSSDOS. L’objectif est de permettre aux centres de santé de consulter à distance des médecins basés à Dakar, afin de faciliter les avis médicaux et les évacuations si nécessaires.
Le Dr Dia a également mentionné l’importance d’un cadre juridique approprié pour la santé digitale. Un projet de loi d’orientation sur la santé numérique et son décret d’application sont en cours de finalisation. «Ces textes ont été transmis la semaine dernière au Secrétariat général du gouvernement. Puisque c’est sorti du ministère de la Santé, nous allons attendre un peu parce qu’il y a un travail à faire au niveau de la primature. Ces textes-là sont très bien élaborés et ils reviennent sur la télémédecine, le dossier patient, l’hébergement et des peines sont prévues si quelqu’un entre dans le dossier de quelqu’un d’autre sans autorisation». Le Sénégal est le seul pays africain à avoir élaboré un décret d’application dans ce domaine.
Un autre défi majeur «Nous avons des besoins de gouvernance de la donnée. Les données des Sénégalais sont sensibles. Nous sommes ouverts pour avoir des appuis, mais il faudrait que ces appuis ne remettent pas en question cette exigence d’héberger les données dans de bonnes conditions où nous sommes sûrs qu’il n’y a que des personnes assermentées qui y accèdent» a conclu Dr Ibrahima Khalilou Dia.