Le juge Mamadou Yakham Keïta a pris la suite de son collègue Papa Mohamed Diop, qui s’est désisté la veille du procès, pour juger l’affaire Ousmane Sonko-Mame Mbaye Niang. Le jour du procès, le juge Keïta a condamné le président de Pastef à deux mois de prison avec sursis pour diffamation, et à verser 200 millions de francs CFA au ministre du Tourisme en tant que dommages et intérêts.
Ce verdict a provoqué un profond malaise au Palais de justice, selon Madiambal Diagne, auteur d’une chronique hebdomadaire publiée ce lundi dans Le Quotidien. Il souligne le caractère expéditif du jugement et soupçonne des manigances pour parvenir à ce verdict.
Dans un autre article publié le même jour, Le Quotidien se penche sur les conditions de désignation du juge Yakham Keïta. Le journal rapporte que le magistrat aurait fait pression sur le juge Fall pour présider l’audience, invoquant le désir de “préserver l’honneur et la crédibilité de la magistrature” mis à mal par Ousmane Sonko et ses avocats.
Le journal s’interroge également sur le fait que le juge Keïta n’aurait pas consulté ses assesseurs avant de prononcer son verdict. Les observateurs ont été déçus par la clémence de la sentence, et certains juristes ont souligné qu’il aurait été préférable de mettre le jugement en délibéré pour traiter les questions controversées soulevées par les avocats de la défense.
Selon un juriste interrogé par Le Quotidien, “dans toutes les écoles de droit, lorsqu’il y a des questions controversées qui opposent plusieurs avocats, il est déconseillé de juger sur le séant. Au lieu de cela, il est recommandé de mettre le jugement en délibéré. Le juriste ajoute que le jugement sur le séant ne peut se comprendre que lorsqu’il y a lieu de statuer sur la liberté provisoire, et cela est fait dans le but de ne pas retarder la mise en liberté d’un prévenu plus que nécessaire”.
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