La crise politique qui secoue le Sénégal depuis la semaine dernière a eu un bilan humain très lourd et a suscité des réactions dans le monde entier. Les répercussions économiques des nombreuses casses et mesures restrictives qui ont accompagné ces journées d’émeutes sanglantes sont également importantes. Les banques, les enseignes de la grande distribution et les services de transfert d’argent ont été les principales victimes collatérales de ces violences.
-17 banques touchés, 29 agences saccagées, baisse moyenne de 19 milliards FCFA/jour
Des casseurs ont saccagé plusieurs banques profitant de la situation pour les piller. Ces actes de vandalisme ont eu des conséquences très lourdes étant donné l’importance vitale de l’activité bancaire dans une économie sénégalaise fortement dominée par l’informel. Selon l’APBEFS, 17 institutions bancaires ont été touchées sur les 31 que compte le pays, et 29 agences bancaires ont été endommagées sur 775. Ce qui a occasionné une baisse moyenne de 19 milliards de FCFA par jour sur l’activité de collecte des dépôts. Une situation qui a conduit à une paralysie du secteur bancaire, entraînant des difficultés à honorer les engagements pour certains fournisseurs.
-Plus de 48 milliards FCFA de perte occasionnée par la suspension des données mobiles
Plus de 48 milliards FCFA de perte occasionnée par la suspension des données mobiles. Longtemps épargnés par les troubles de cette nature, les transactions digitales ont été fortement impactées cette fois. Ceci en raison de la décision de suspendre l’internet mobile (de 13h à 00h), prise le dimanche 4 juin par l’État du Sénégal via son ministère de la Communication, des Télécommunications et de l’Économie numérique. Une mesure pour lutter contre les messages haineux et subversifs dans un contexte de trouble à l’ordre public.
-Coup dur pour Auchan
Au même moment, l’enseigne française de la grande distribution, Auchan, cible prisée des manifestants et pillards, déplore des saccages et pillages dans 7 magasins à Dakar : Scat Urbam 1, Scat Urbam 2 (Grand-Yoff), Zac Mbao, Pikine, Soprim (Parcelles Assainies), de mêmes que les boutiques Total Dior et Total Liberté 6. A Mbour, un chapiteau de produits non-alimentaire d’une valeur de 70 millions de francs CFA a été incendié, rapporte à Seneweb le directeur du développement et de la communication de l’enseigne française, Papa Samba Diouf.
En attendant une estimation exhaustive des pertes, la direction a ainsi décidé de fermer jusqu’à nouvel ordre les magasins situés dans zones dites « rouges ». Cibles de choix des manifestants, Auchan et les stations-services réclament à l’État un dédommagement pour le préjudice subi en mars 2021 (15 milliards de francs CFA pour Auchan et 102 millions pour les stations-services). S’agissant des dégâts de juin 2023, la facture sera également envoyée aux autorités étatiques.
En termes de préjudices macroéconomiques causés par les récentes émeutes, selon les statistiques de Oqsf, ce sont près de 200 milliards de FCFA, de manière directe, qui sont perdus par l’État, les entreprises et les ménages sénégalais. Un coup dur pour une économie aussi balbutiante.