Un homme politique dit avoir arraché le téléphone d’un agent des renseignements (une gendarme a-t-on appris plus tard). Il l’a fait car ne voulant pas être filmé. On présume qu’il s’agit là de protection de son image et/ou de ses données personnelles, comme ils disent de nos jours.
Dans un post sur un réseau social, pour expliquer au monde son geste, il accompagne son texte d’un cliché où l’on peut voir l’un des gendarmes venus l’arrêter être photographié à son insu et ainsi exposé aux vents des internet. Une violation pour en dénoncer une autre.
L’absurde c’est ce journalisme censé faire preuve de sérieux et de rigueur qui se nourrit de toute la désinformation qu’il trouve sur les réseaux sociaux et la crédibilise même lorsqu’elle véhicule les plus loufoques théories du complot comme ce fut le cas avec l’attentat du bus à Yarakh (il n’y a pas eu que des journalistes, des politiques dont l’ex PM Aminata Touré y sont allés de leur partition); ou ce journalisme qui érige en vedettes des charlatans de bas étage et en fait des chroniqueurs et analystes politiques.
L’absurde c’est aussi bloquer l’accès au domicile d’un homme politique jugé et condamné par contumace, pendant près de deux mois, sans l’arrêter.
En face, Ousmane Sonko nage, depuis près trois ans, dans l’absurde et y entraîne ses soutiens. Entre dire se soigner dans un salon de massage aux allures de bordel; accuser l’armée, alors qu’elle est en train de bombarder des bases rebelles, de faire partie d’un complot; dire que le président Sall n’aime pas son ethnie; porter plainte contre le pays qu’il espère diriger un jour au Comité des droits de l’homme de l’ONU au motif que sa région d’origine, la Casamance, serait stigmatisée; accuser des membres d’une autre ethnie de se constituer en bras armé pour le combattre; dire attendre impatiemment son procès pour viol puis se barricader à Ziguinchor en utilisant ses militants comme bouclier humain pour ne pas comparaître … la liste est longue et loin d’être exhaustive.
L’absurde c’est encore solliciter les faveurs d’une jeune femme au point de se déplacer à de nombreuses reprises en prenant des risques pour la voir dans son lieu de travail douteux, être accusé de viol par elle et la traiter de “guenon victime d’AVC” pour montrer à quel point elle n’est pas “violable”.
C’est persister à traiter de vendu un juge qui, dans son intime conviction estime que vous avez fait d’une jeune femme votre objet sexuel, vous condamne pour “corruption de jeunesse” alors que rien ne l’empêchait de prononcer à votre encontre les peines bien plus infamantes prévues pour viol s’il était réellement un juge aux ordres.
L’absurde c’est dire qu’à part moi même et ceux qui me suivent tous les autres opposants travaillent pour Macky Sall.
C’est accusé de traîtrise vos alliés partis au dialogue politique alors que des personnalités qui vous sont proches (Pierre Goudiaby Atepa, Alioune Tine…) sollicitent de la part du président de la République de dialoguer avec vous en précisant que vous n’êtes certes pas à l’origine de leur démarche mais pas non plus contre cette démarche.
L’absurde c’est avoir une classe politique d’un niveau tellement médiocre que l’opposant le plus en vue exhorte les jeunes à donner leur vie pour sa cause car “ku de sa yaay jurat” (mourez, vos mères feront d’autres enfants); et le ministre de la Jeunesse lui répond en lui demandant d’aller mourir en premier afin que ses adversaires puissent hériter de sa femme.
L’absurde c’est ce pays dont le défaut d’exemplarité des dirigeants a fini par ériger en alternative sérieuse un personnage aussi versatile, calomniateur, populiste et violent que le leader de Pastef.
Ce pays, dont le défaut de cohérence des souverainistes autoproclamés fait prospérer les manœuvres d’un petit avocat parisien en mal de reconnaissance et à la recherche de sensations fortes.
L’absurde c’est émettre de façon si acharnée sur le registre de la morale et de la rhétorique du conservatisme religieux quand la pierre, si elle avait dû être jetée, vous aurait été destinée.
C’est, en journée, quitter une séance de l’Assemblée nationale de manière ostentatoire pour aller prier et le soir ou un soir pas très lointain se retrouver dans un lieu, Sweet Beauté, si peu recommandable pour un homme public pieux ou pas, à plus forte raison lorsqu’il se plaît à être surnommé par ses militants “mu sell mi”.
Absurdité de “musulmenteur” aurait dit Souleymane Faye, notre plus grand poète de l’absurde.
Massamba Diouf