Ousmane Sonko aurait bien fait d’aller répondre à l’appel du dialogue. En refusant de faire comme Khalifa Sall, le leader du parti PASTEF est condamné à être un simple spectateur de la présidentielle. Le maire de Ziguinchor aura besoin d’un miracle pour voir sa candidature à l’élection de 2024 passer. En français simple, si les dispositions prises au dialogue sont votées et adoptées, il ne sera pas candidat !
L’Assemblée nationale se réunit en session extraordinaire et en procédure d’urgence, ce lundi. Les députés doivent se pencher sur les projets de loi modifiant la Constitution, le Code électoral et le Code pénal, conformément aux consensus issus du Dialogue national. Mais ce projet va sceller définitivement le destin de Sonko.
La nouvelle mouture de l’article L29-4 stipule que «ne doivent pas être inscrits sur la liste électorale ceux qui sont en état de contumace». Certes c’est une ancienne disposition, mais vu que le maire de Ziguinchor était déjà inscrit au moment de la révision des listes, ils pourraient s’appuyer sur cette révision du Code électoral pour exécuter la mesure. Ainsi, le leader de Pastef peut dire adieu à sa candidature. Car il ne sera plus nécessaire d’attendre la fin du procès avec l’épuisement des voies d’appel et de cassation. Et cela, le leader de l’opposition radicale en est bien conscient.
Sonko sait que l’étau se resserre autour de lui, raison pour laquelle il tente de mettre toutes les chances de son côté. En dépit des procédures judiciaires, «je reste éligible» à la présidentielle de 2024, a-t-il déclaré vendredi soir. Et au cas où les autorités seraient tentées d’écarter Sonko de la course, il risque de se heurter à une certaine résistance. Car le 6 juillet, l’opposant a promis un «chaos indescriptible» s’il est empêché d’être candidat à la présidentielle. Les appels de Sonko finissent toujours par faire des morts.
En mars 2021, son appel à la résistance a coûté la vie à quatorze (14) jeunes. Et causé de nombreux dégâts. Sa condamnation a engendré, début juin, les troubles les plus graves depuis des années au Sénégal, qui ont fait plusieurs morts. C’est ce qui donne une certaine assurance au leader de Pastef. Mais les choses risquent de ne pas se passer comme il le pense. Les autorités semblent avoir pris les devants. Et les jeunes ne sont plus emballés à l’idée de défier les forces de défense et de sécurité.
Si Sonko s’est retrouvé dans cette mauvaise posture c’est parce qu’il a refusé d’aller au dialogue. Ses modifications ont été adoptées lors dudit dialogue. Mais en suivant certains bornés de son parti, il a ruiné ses chances d’être du départ pour 2024. Tout ce qui lui reste à faire c’est de prier que les députés ne votent pas ces modifications. Sinon, même un chaos ne pourrait changer sa situation.
Avec la nouvelle configuration de l’Assemblée, il serait difficile que le projet de loi ne passe pas. Yewwi Askan Wi n’est plus majoritaire au sein de l’hémicycle. Le groupe parlementaire Benno Bokk Yaakar commence à récupérer sa majorité. Aidés par Wallu Sénégal, ils sont en mesure de valider n’importe quel projet de loi. Et les libéraux feront tout pour permettre à Karim Wade d’être candidat quitte à sacrifier le maire de Ziguinchor.
Aliou Niakaar Ngom