Dans un discours historique, le président Macky Sall a annoncé qu’il renonçait à briguer un troisième mandat, respectant ainsi son engagement. Cette décision inattendue ouvre la voie à une succession politique au sein de son parti, l’Apr, et de sa coalition BBY, à quelques mois de l’élection présidentielle de 2024.
Amadou Ba, le successeur naturel ?
En l’absence du Président Macky Sall lors de la célébration de la Tabaski, c’est Amadou Ba qui a présidé la prière, endossant symboliquement le rôle de chef de l’État pour une matinée. Cet événement revêt une signification particulière. Au fil des années, Amadou Ba a considérablement renforcé son profil politique. Lors des dernières élections locales, il a occupé le poste stratégique de coordinateur national de la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar (BBY).
Par ailleurs, l’expérience notable d’Amadou Ba en tant qu’homme d’État constitue un atout considérable. Avant d’assumer la fonction de Premier ministre, il a occupé pendant plusieurs années le poste de ministre de l’Économie, des Finances et du Plan du Sénégal (2013-2019), où il a mis en œuvre d’importantes réformes économiques visant à stimuler la croissance et à améliorer la situation financière du pays. Il a également exercé dans le domaine de la diplomatie en tant que ministre des Affaires étrangères (2019-2020).
Auparavant, il a occupé des postes clés au sein de l’administration sénégalaise, notamment celui de directeur général des Impôts et des Domaines. Ces fonctions lui ont permis d’acquérir une précieuse expérience dans la gestion des affaires publiques et de développer des compétences politiques essentielles.
Depuis sa nomination au poste de Premier ministre, Amadou Ba s’est engagé à poursuivre les initiatives de développement lancées par le président sortant, en mettant l’accent sur la réduction de la pauvreté, l’amélioration de l’accès à l’éducation et aux soins de santé, ainsi que la promotion de l’emploi et de l’entrepreneuriat des jeunes.
La réussite d’une coalition politique repose souvent sur la capacité de son leader à forger des alliances et à rassembler différents partis et acteurs politiques. Amadou Ba a démontré cette aptitude en travaillant avec succès au sein du gouvernement et en collaborant avec diverses forces politiques pour atteindre des objectifs communs. Sa capacité à construire des ponts et à créer des synergies serait un atout précieux pour maintenir l’unité de la coalition Benno Bokk Yaakaar, qui, selon de nombreux observateurs, serait au bord de l’implosion. De plus, ses bonnes relations avec les principaux foyers religieux renforcent sa position et sa capacité à mobiliser un large soutien.
Abdoulaye Daouda Diallo, le choix du cœur !
Abdoulaye Daouda Diallo a toujours préféré jouer un rôle discret, tant au sein de son parti, l’APR, qu’au sein de l’appareil d’État. Il a évité de faire de l’ombre à un chef réticent à toute forme de dualité de pouvoir. Effacé, il ne laisse transparaître aucune ambition personnelle. D’ailleurs, un portrait dressé par Seneweb le décrit parfaitement comme un prédateur politique dissimulé sous les traits d’une chèvre.
Convaincu qu’un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse, Daouda Diallo a toujours agi en coulisses, tissant sa toile dans l’ombre. Cette discrétion lui a permis de battre des records de longévité au sein du gouvernement, qu’il a quitté en septembre 2022 après dix ans à différents postes. Il a été ministre délégué chargé du Budget auprès du ministre de l’Économie et des Finances (2012-2013), puis ministre de l’Intérieur (2013-2017), ministre des Infrastructures et des Transports terrestres (2017-2019) et enfin ministre des Finances et du Budget (2019-2022).
En septembre 2022, des rumeurs le voyaient prendre les rênes de la primature, mais son “ami”, le président Macky Sall, a douché ses attentes en nommant son rival de toujours, Amadou Ba. Déçu par cette décision, Abdoulaye Daouda Diallo a brièvement occupé un poste au cabinet du président de la République avant d’être réconforté par sa nomination à la présidence du CESE (Conseil économique, social et environnemental), en remplacement d’Idrissa Seck.
Fidèle au président, Abdoulaye Daouda Diallo jouera certainement sa carte dans la course à la succession de Macky Sall, qui vient de renoncer à briguer un troisième mandat en 2024. Il pourrait envisager de représenter l’APR et la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY) en tant que candidat.
Aly Ngouille Ndiaye, la force tranquille
Après avoir été victime de la purge du 1er novembre 2020, Aly Ngouille Ndiaye est revenu sur le devant de la scène politique en intégrant le nouveau gouvernement en tant que ministre de l’Agriculture. Malgré son bannissement du parti, il a réussi à garder son fief de Linguère, où il est une figure dominante depuis 2012, dans le giron du pouvoir. Il est désormais considéré comme un prétendant sérieux à la succession de Macky Sall. En tant que membre fondateur de l’Alliance pour la République (APR) et ayant siégé dans les cercles les plus restreints du parti, le prince du Djolof a une solide expérience politique. Il a également occupé des postes prestigieux au sein du gouvernement.
Bien que son éviction du gouvernement le 1er novembre 2020 ait été un coup dur, Aly Ngouille Ndiaye a su rebondir et se hisser à nouveau au sommet grâce à ses résultats lors des dernières élections locales et législatives. En homme de conviction, l’ancien ministre de l’Intérieur s’est toujours tenu à l’écart du débat sur un éventuel troisième mandat pour le président Macky Sall.
Les divergences entre Aly Ngouille Ndiaye et le président Macky Sall étaient liées à ses ambitions affichées. Aujourd’hui, avec le champ libre devant lui, ce polytechnicien qui a acquis une expérience à la BHS (Banque de l’Habitat du Sénégal) est considéré comme un potentiel candidat à la présidence. Son parcours, sa stature et sa détermination lui confèrent les qualités nécessaires pour assumer cette responsabilité.
Aïssata Tall Sall, pour briser les barrières
Parmi les personnalités politiques sénégalaises qui se distinguent comme candidates à la présidence, Aïssata Tall Sall, surnommée la “lionne de Podor”, occupe une place de premier plan. Son parcours diversifié et son engagement indéfectible envers le développement de son pays lui ont valu une reconnaissance au sein du Parti Socialiste. Née le 12 décembre 1957 à Podor, Aïssata Tall Sall a commencé sa carrière politique en tant que ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement de juillet 1998 à avril 2000, sous la présidence d’Abdou Diouf.
En 2007, elle est devenue la première femme à occuper le poste de Secrétaire générale de l’Union régionale de Saint-Louis, témoignant ainsi de sa volonté de briser les barrières de genre et de favoriser la participation des femmes en politique. Sa crédibilité politique s’est renforcée grâce à son succès en tant qu’élue municipale. En mars 2009, elle a remporté la mairie de sa ville natale sous la bannière de Benno Siggil Sénégal, et a été réélue lors des élections municipales de juin 2014, démontrant ainsi la confiance que lui accordent ses concitoyens.
Lors des élections législatives de juillet 2012, Aïssata Tall Sall a été élue sur la liste départementale de Benno Bok Yaakar, devenant ainsi membre de l’Assemblée nationale sous la présidence de Moustapha Niasse. En mai 2017, elle a fondé le Mouvement “Osez l’Avenir”, qui a participé aux élections législatives de juillet de la même année. Elle est devenue députée et a assumé la présidence de ce mouvement. Au-delà de ses réalisations politiques, Aïssata Tall Sall est reconnue pour son engagement envers le développement de sa région natale et du Sénégal dans son ensemble. Elle a occupé des postes de responsabilité en tant qu’envoyée spéciale du président de la République et ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur.
En plus de son parcours politique, Aïssata Tall Sall se distingue par sa vision qui promeut l’inclusion sociale et le développement du Sénégal. Une grande partie de sa carrière a été consacrée à la lutte pour les droits des femmes et à la promotion de l’égalité des genres. Son engagement en faveur de l’autonomisation des femmes et de leur participation active dans la vie politique et économique du pays a été constant tout au long de son parcours.
Mansour Faye, la tentation dynastique
La rumeur avait fait grand bruit dans les couloirs de l’Apr avant de se propager dans la presse il y a quelques années (en 2019 pour être précis) : “Mansour Faye, le dauphin caché de Macky Sall !” Mais ce titre accrocheur s’est rapidement évanoui, et c’est le principal intéressé lui-même qui a mis fin aux spéculations.« Je ne parle pas de succession du Président. Je n’accepte pas d’être diverti. Le Président a cinq ans pour continuer ce qu’il a entamé dans son premier mandat. J’ai une mission et je ferai de mon mieux pour réussir mon travail. C’est un challenge. Qu’on ne me parle pas de succession », avait-il déclarait en 2019. Maintenant que le Président Macky Sall a déciser de ne pas se représenter en 2024, Mansour Faye changera t-il de position ?