Au cours d’une seule semaine, la presse a fait état de trois effondrements de bâtiments, soulevant ainsi des préoccupations quant à la vétusté des constructions et au respect des normes de sécurité. Parmi ces incidents, les maisons des Diallo à Colobane et de la cité Keur Gorgui ont fort heureusement provoqué plus de peur que de mal, mais à la cité Sipres de Rufisque, cinq vies ont été tragiquement perdues. El Hadj Feike Hane, un ingénieur en génie civil, apporte un éclairage détaillé sur les véritables causes de ces drames.
Les effondrements de bâtiments peuvent être attribués à plusieurs facteurs selon les principes de la construction. Le plus courant est lié à la répartition des charges, où des calculs précis déterminent les dimensions de chaque composante structurelle (fondations, poteaux, poutres, planchers, etc.). Ces calculs, sensibles aux conditions climatiques et géologiques, constituent la pierre angulaire de toute construction. De plus, la qualité des matériaux joue un rôle crucial, avec des paramètres spécifiques pour le granulat, le ciment, le fer, etc. Les dosages corrects dans la fabrication du mortier et du béton sont essentiels pour prévenir les défaillances structurelles.
L’ingénieur souligne que les défauts dans la qualité des matériaux, le manque de qualification des travailleurs et la corruption contribuent également aux problèmes de sécurité. Par ailleurs, l’ancienneté des bâtiments est un facteur majeur. Les constructions en dur ont une durée de vie moyenne de 50 à 100 ans, et au fil du temps, les matériaux se détériorent, compromettant la stabilité. Ainsi, les phénomènes ne sont pas des événements aléatoires, mais plutôt le résultat de causes techniques précises. Avant même l’effondrement, des fissures significatives apparaissent souvent dans la structure du bâtiment.
Quant à la modification des bâtiments anciens, l’ingénieur explique qu’il n’existe pas de règles universelles. Chaque structure est unique, et des études approfondies doivent être réalisées au préalable. Des analyses de la structure permettent de déterminer la faisabilité des modifications ou réhabilitations envisagées.
En ce qui concerne les fondements d’une bonne construction, El Hadj Feike Hane insiste sur le respect des normes urbanistiques et la réalisation d’Avant-Projets Sommaires (APS). Ces étapes impliquent des études architecturales et techniques. Les études d’avant-projet détaillé (APD) comprennent les investigations du sol et les tests en laboratoire sur les matériaux utilisés. Malheureusement, cette culture est encore peu répandue au Sénégal.